L’AMÉLANCHIER.

Avec le bleuet, notre myrtille, l’amélanchier a été jusqu’aux années 1960 un petit fruit très recherché. On l’a oublié, mais il revient pour des raisons différentes. C’était également un apport à l’alimentation des Amérindiens devant se déplacer ; ils le séchait au soleil et le transportait dans leur réserve de nourriture.

Fleur Amélanchier.

Fleur Amélanchier.

Il attire les oiseaux ; la plupart des 7 ou 8 espèces d’amélanchier que l’on retrouve au Québec sont arbustives.

Fleurs d'Amélanchier.

Fleurs d’Amélanchier.

L’Amélanchier, c’est également l’un des plus beaux romans de Jacques Ferron, lequel raconte le monde d’une enfance enchantée aussi vibrante qu’éphémère.

Extrait: Tous ces arbres, arbustes, arbrisseaux avaient un langage et parlaient à qui voulait les entendre. Le cornouiller menaçait de ses harts rouges les mauvais enfants. Le bouleau, ne voyant que ses branches et leurs feuilles, brunes, vertes, disait qu’il aurait préféré être blanc. Dans les coins sombres, l’aulne dénonçait l’humidité d’une voix sourde et jaune. De fait, si l’on n’y prenait pas garde, on se mouillait les pieds. Le plus extraordinaire de tous était l’amélanchier.

Dès le premier printemps, avant toute feuillaison, même la sienne, il tendait une échelle aux fleurs blanches du sous-bois, à elles seulement; quand elles y étaient montées, il devenait une grande girandole, un merveilleux bouquet de vocalises, au milieu d’ailes muettes et furtives, qui annonçaient le retour des oiseaux. Monsieur Northrop, ayant déboutonné son veston, tiré sa montre de la pochette de son gilet et regardé l’heure, pouvait dire dans sa langue forestière, et sans crainte de se tromper : — Ouhonneudeurfoule-dé! Ouhonneudeurfoule-dé!

Durant un petite semaine, on ne voyait ni n’entendait que l’amélanchier, puis il s’éteignait dans la verdure, plus un son, parti l’arbre solo, phare devenu inutile. Le bois se mettait à bruire de mille voix en sourdine, puis le loriot chantait et mon père disait à propos de l’amélanchier qu’il s’était retiré : «Laissons-lui la paix : il prépare sa rentrée d’automne.» L’été se passait et que trouvions-nous? Quelques baies noires rabougries, laissées par les oiseaux, et un amélanchier content d’avoir écoulé son stock de minuscules poires pourpres avant notre retour, premier à avoir ouvert la saison, premier à la fermer, qui disait : —Tout est vendu, revenez l’année prochaine, mais de préférence avec des ailes.

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